Dans son article publié le 08/08/2024, le Journal de Saône-et-Loire interviewe Pascal Polté, Président du Directoire au sein du Groupe Rave, à propos de ses objectifs de transition énergétique.
Le groupe Rave, l’un des leaders français dans le domaine du transport, dont le siège historique est à Gueugnon, a entamé depuis plusieurs années sa transition énergétique en se tournant vers les biocarburants. Objectif : une décarbonation totale de sa flotte de véhicules à l’horizon 2030.
Sur l’immense parking du groupe Rave, dont le siège historique est situé route de Digoin à Gueugnon, la flotte de camions change peu à peu d’apparence et de carburant depuis quelques années. L’identité visuelle du transporteur, historiquement de couleur bleue, est désormais associée à des touches de vert sur les cabines. « Pour notre avenir, je roule au colza » ; « Respirez ! Je roule au biogaz. » Les slogans s’affichent en grand et plantent le décor.

Pascal Polté, président du directoire au sein du groupe Rave, présente l’un des tracteurs routiers qui roulent grâce à un biocarburant (credit photo Fanny Guiné)
La décarbonation, c’est le premier enjeu de notre entreprise.
Créé en 1943 par Jean Rave, le groupe Rave a pris « le virage de la transition énergétique » il y a dix ans. Une étape indispensable pour cette entreprise de transport, alors que la profession de routier « souffre encore d’une image négative », corrélée à celle d’une activité jugée polluante par la population. « La décarbonation, c’est le premier enjeu de notre entreprise », assure d’emblée Pascal Polté, président du directoire du groupe Rave.
« C’est une préoccupation de notre part mais aussi une demande forte de nos clients. On a commencé à expérimenter dès 2015, avec le biodiesel », rappelle-t-il.
En 2016, le groupe Rave se dote de sa propre station de distribution de gaz à Digoin, en partenariat avec Lyreco, pour alimenter ses véhicules en GNV (gaz naturel véhicule). Mais face à la crise du gaz en 2021 et l’explosion des coûts, le groupe fait le choix de la diversification avec le « B100 » pour 80 camions : un biocarburant issu de la trituration des graines de colza et composé à 100% de biodiesel. « Le seul inconvénient, c’est que l’on ne peut pas se fournir dans des stations classiques durant les trajets. On a fait installer une quinzaine de cuves sur nos sites en France. » Ce « mix énergétique « a continué l’an dernier au sein de la société avec , en complément du gaz naturel et du B100, le HVO (huile végétale hydrogénée), un autre biodiesel qui est issu des huiles de cuisson usagées ou des graisses animales.
Rouler à l’électrique dès 2025
Le groupe Rave veut poursuivre la mutation de sa flotte en se tournant aussi vers l’électrique, car les biodiesels émettent toujours des émissions de CO2 (même si leur quantité est plus faible). « Nous avons commandé les 10 premiers tracteurs routiers électriques, ils devraient arriver début 2025. Il en existe encore très peu en France car le prix est quatre fois plus élevé qu’un tracteur routier gasoil. » Ces véhicules ont déjà été en grande partie « réservés » à l’un des clients de Rave, le géant Airbus.
Si 91% des camions du groupe roulaient encore uniquement au gasoil en 2021, ce chiffre a chuté à 60% en 2024. « Aujourd’hui, 40% de notre flotte roule avec une énergie verte, du gaz naturel ou du biodiesel. On a un objectif ambitieux d’avoir un parc totalement décarboné à horizon 2030 », souligne Pascal Polté. Avec le choix de plusieurs énergies vertes plutôt qu’une seule, et pourquoi pas demain, encore de nouvelles. Les tests de moteurs à hydrogène sont ainsi scrutés par Rave, qui veut être précurseur. « Notre ADN, c’est l’adaptabilité. On se doit d’être en veille et d’évoluer en fonction des technologies. »
Diversifier activités et clients, dans une profession « très concurrentielle »
Si le transporteur industriel pour le secteur de la sidérurgie était le cœur d’activité du groupe Rave à ses débuts, l’entreprise a depuis largement diversifié ses clients et ses services. Aujourd’hui, 23,7% du chiffre d’affaires de Rave provient du transport pour la grande distribution. Le secteur de la sidérurgie (notamment avec des clients comme Aperam à Gueugnon ou Industeel au Creusot) représente 12% du chiffre d’affaires. Viennent ensuite les containers (10,20%) ou encore le transport de papiers ou cartons (8,9%).
Le groupe a varié ses missions car « le transport n’est pas une activité rentable », remarque Pascal Polté, président du directoire du groupe Rave. « La moitié de notre chiffre d’affaires provient de la location de véhicules industriels avec chauffeurs. » Le groupe Rave propose également des services aux industries en interne ou encore des solutions de logistique.